Interview Illionweb.com /
Pour son exposition « Moments de Grâce », Leila Lotfi navigue entre deux thèmes qui ont pour fil d’Ariane une histoire de femmes : une ode à leur créativité, leurs défis, leur dignité et tout l’amour qu’elles transmettent en le portant à bout de bras. Un hymne à la féminité et à la sensibilité. Trois questions à l’artiste peintre.
ILLI : C’est une image plutôt centrale du féminin dans vos tableaux. La femme marocaine s’émancipe t’-elle dans votre travail? (et si oui, de quoi s’émancipe t’elle?)
Leila Lotfi : La femme que je peins s’émancipe des diktats sociaux qui lui imposent un mode de vie, de pensée, qui la transforment insidieusement en une femme pressée, une femme stressée qui a oublié qu’il est nécessaire d’aimer ses gestes quotidiens. On lui a assigné une mission pour «réussir dans la vie» et elle a dû revêtir un costume trop étroit pour assumer ce rôle. C’est une femme attachée à ses valeurs et à nos belles traditions, en pleine conscience de ses droits, de la richesse de sa culture et de ses responsabilités. Elle se donne donc les moyens de revenir à son essence; «elle», et non pas «ce qu’il faut qu’elle soit». Son instinct féminin culmine alors à son point le plus incandescent lorsqu’elle libère son esprit qu’elle a elle-même enchaîné sans même s’en rendre compte.
ILLI : Votre travail défend une certaine intériorité. Quelle est la place de l’intime dans la société?
L.L : Dès qu’une personne se sent à la bonne place, cela lui donne plus de force et de sérénité, elle est donc moins perméable au jugement d’autrui. Choisir sa vie, et non la subir. Nous avons tous un talent, qu’il faut trouver et développer, pourquoi pas, dans un premier temps, en parallèle de sa source de revenus. Au pire, que risque-t-on ? Surmonter nos peurs et aller à la découverte de ce qui fait de chacun un être exceptionnel ! Avoir le courage d’aller à la quête du graal, être à l’écoute de ses émotions, découvrir ce don que chacun d’entre nous porte en lui, bien enfoui, souvent, sous plusieurs couches de doute, de fatalité et de faux prétextes.
Je vois autour de moi des personnes si talentueuses mais qui n’ont pas conscience de la manière dont leurs facultés peuvent transformer leur vie. Certains pensent que leurs traits de caractère les dessert, comme par exemple, une extrême sensibilité ou inversement un tempérament bourru de justicier, or il se trouve que c’est le meilleur atout de leur CV, c’est une question d’angle de vue. Cela va de la capacité à prendre soin des autres, à faire rire, au sens de l’organisation, à la conciliation, à la transmission d’un savoir, d’autres ont un rapport exceptionnel avec les enfants, les pseudo-rigides perfectionnistes sont les personnes les plus fiables pour faire avancer un projet dans le bon sens et d’autres sont les meilleurs conseillers sauf lorsqu’il s’agit d’eux-même,..et la liste est encore bien longue ! Personnellement, je n’aurais jamais imaginé, il n’y a pas si longtemps encore, vivre cette fabuleuse expérience avec la peinture.
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. » Confucius
ILLI : Quelle est la part de soi dans un travail pictural?
L’émotion de l’instant présent.
Source : www.illionweb.com/expo-les-moments-de-grace-de-leila-lotfi/